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Hervé Robbe

Un parcours artistique et pédagogique

Depuis plus d’une trentaine d’année, Hervé Robbe a eu la chance d’être l’acteur et le témoin curieux, d’un foisonnement créatif de la danse. Parallèlement à des études d’architecture, il a été principalement formé à Mudra, l’école de Maurice Béjart à Bruxelles.

Sa carrière d’interprète a débuté en dansant le répertoire classique et néoclassique. Une incorporation d’un patrimoine chorégraphique qu’il a pu alimenter, questionner, voir déconstruire en collaborant aux créations et aux démarches nouvelles de différents chorégraphes contemporains des années 1980.

 

Il a commencé sa production chorégraphique en 1987, dans un contexte qui porte un regard neuf sur la danse et autorise des gestes inédits, de nouvelles représentations des corps. Sa démarche artistique s’est nourrie et a questionné les enjeux corporels et esthétiques de la modernité et de la postmodernité en danse, et s’est enrichie de confrontations culturelles, lors de séjours d’échanges et de créations, en particulier aux États-Unis et au Japon.

 

Ses premiers pas de chorégraphe se sont tous d’abord déployés au sein de la compagnie Le Marietta Secret.

Douze années de création au sein de cette structure ont permis de construire et d’affiner la singularité de sa démarche artistique. Une maturation qui s’est d’emblée épanouie dans la volonté d’un dialogue interdisciplinaire. Sa sensibilité à l’architecture et aux arts plastiques et la volonté d’imaginer une relation sensible et innovante avec la musique ont motivé de nombreuses collaborations avec de nouveaux auteurs. Son grand intérêt pour l’histoire des arts et de ses formes a tout autant stimulé le désir de se confronter parfois à des œuvres du patrimoine musical (Mozart, Beethoven, Schoenberg, Berg, Stravinsky), d’imaginer ainsi dans cette coexistence stylistique et référentielle, un dialogue original avec son langage chorégraphique.

Puis durant 13 années, il a exercé la fonction de directeur artistique du Centre Chorégraphique National du Havre Haute-Normandie.

Il porte un bilan très positif sur tous les projets menés, en collaboration avec toute une équipe, au sein de cette structure. De nombreuses expériences artistiques et de multiples échanges se sont partagés avec des individus, des publics, des artistes, et des partenaires. Ces projets se sont construits en cohérence avec un territoire, dans une volonté d’inscription de l’art chorégraphique, et de sa culture. Ils ont nourri sa démarche artistique, comme ils ont alimenté ses réflexions et ses convictions sur les nécessités de transmettre avec curiosité et ouverture.

En janvier 2012, il fait le choix de quitter cette institution et de continuer son aventure d’artiste et de pédagogue au sein d’une nouvelle structure de production nommée TRAVELLING & CO.

À ce jour il a créé une cinquantaine de spectacles chorégraphiques, qui ont été diffusés sur l’ensemble du territoire français et à l’international.

La recherche autour du mouvement, et les potentialités de nouvelles écritures chorégraphiques ont été au cœur de sa démarche artistique, tant au sein de sa propre compagnie que lorsqu’il répondait à des commandes pour de grandes compagnies internationales (Ballet Rambert, Batsheva Dance Company, Opéra de Lyon, Ballet Gulbenkian, CCN Ballet de Lorraine).

Toutes ces danses sont le résultat de multiples étayages intuitifs ou raisonnés, d’imaginaires, de thématiques ou de contextes abordés. D’un rapport intime et extime au réel, d’une résonance au monde qui lui suggère et parfois impose certains sujets (le baroque, l’ailleurs, les origines, la maison, le paysage et le jardin, savant et populaire, le double, l’autre, l’amour, le renoncement, le suicide, maintenant et demain…).

 

La singularité de sa danse est née de sa sédimentation et de sa pratique, de son incorporation par les danseurs et d’un dialogue constamment renouvelé par leurs interprétations. Une relation ouverte et dynamique qui aura certainement stimulé les vocations chorégraphiques de certains interprètes qui ont participé à cette aventure.

Emmanuelle Huynh, Christian Rizzo, Rachid Ouramdane, Edmond Russo, Shlomi Tuizer, Sarah Crespin Julie Nioche et d’autres constituent une nouvelle génération de chorégraphes aux esthétiques diverses et variées.

 

Sa démarche artistique s’est donc aussi déployée par sa capacité à élaborer des processus multiples de transmission et à inventer des programmes pédagogiques qui l’ont impliqué souvent dans des projets pour les écoles nationales et internationales de danse: CNSMD de Paris, CNSMD de Lyon, CNDC d’Angers, Compagnie d’insertion Coline Istres, le CDC de Toulouse, Ecole National Supérieur de Marseille, APA Hong Kong, Mito Art Tower Japon.

Ces projets ont souvent facilité l’intégration de jeunes danseurs au sein de sa compagnie. Ils lui auront permis de réfléchir et de participer à l’évolution des cursus dans ces établissements afin de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes artistes.

Directeur de compagnie et d’un CCN, il s’est toujours impliqué dans la médiation de la culture chorégraphique en particulier auprès des publics scolaires et amateurs, ainsi qu’auprès des enseignants, médiateurs, professeurs de danses, et de leurs centres de formation référents (CEFEDEM, Centre National de la Danse Pantin).

Quelques exemples :

  • La collaboration avec la fondation Mito Art Tower au Japon qui s’est déroulée de 1995 à 2000 dont les enjeux ont consisté en la création d’une école, la formation de jeunes danseurs contemporains japonais et en la constitution d’une compagnie de danse (la ATM Dance Company). Quatre productions auront vu le jour durant cette période (VO Mito, VO Project, Karada No Ongaku, Origami).

  • Le projet d’échange entre le CNSMD de Paris et APA Hong Kong, programme d’échange pédagogique entre les étudiants et création d’une pièce partagé (Partition en Noir / Partition en Bleu) autour de la reconstruction d’éléments chorégraphiques de la pièce Factory en 2003.

  • De multiples interventions pédagogiques, ateliers de transmissions chorégraphiques auprès des publics scolaires et amateurs, une implication constante dans la formation des maitres et auprès des CEFEDEM pour les enseignants en danse (Itinéraire Dansé #6 avec le CDC d’Aquitaine Le Cuvier, ou PREAC Danse Image avec le CCN de Montpellier et le Rectorat Languedoc Roussillon)

 

Un des particularismes de sa recherche artistique a été de confronter le corps dansant aux potentialités des nouvelles technologies, à la création vidéo et musicale. Au fil des années, son travail s’est sophistiqué, associant à la présence chorégraphique, des univers ou des dispositifs architecturaux, plastiques, vidéographiques, sonores et technologiques. Tous ces projets, œuvres polysémiques, ont pris des formes multiples. Une typologie de créations, dont les formats et les esthétiques se sont constitués en alternance entre des spectacles pour la scène, des performances déambulatoires, des films, des installations, et des expositions. Ils ont suscité de nombreuses collaborations artistiques avec des compositeurs contemporains (Costin Miereanu, Kasper Toeplitz, Cécile Le Prado, Thierry Blondeau, Fréderic Verriéres, Andrea Cera, Romain Kronenberg), des plasticiens (Richard Deacon, Kozue Naito), des vidéastes (Christian Boustanni, Valerie Urrea, Aldo Lee, Vincent Bosc). Un dialogue vivant et une pluridisciplinarité à l’œuvre qui a contribué à décloisonner ses pratiques et élargir ses champs de compétence, porté par élan créatif nouveau.

 

Ce travail a suscité des partenariats avec des écoles d’art, des départements universitaires, des pôles images. Il a permis une présence de la danse dans des réseaux élargis, musées, centres d’art, festivals multimédias (IRCAM, Le Centre Pompidou, Le Fresnoy, MUMA le Havre, La biennale Arts Le Havre, Numeridanse.tv, Fondation Cartier).

 

Quelques exemples :

  • Le partenariat avec l’IRCAM entre 2000 et 2005 autour des créations Permis de construire, Avis de démolition, REW, Mutating Score, en collaboration avec le compositeur Andrea Cera, sur les questions de l’analyse et la capture du mouvement par les nouvelles technologies et leurs implications dans les processus de compositions musicales et chorégraphiques.

  • L’exposition « Double je nous comme entre deux » en 2008 au MUMA (Musée Malraux du Havre), cinq œuvres plastiques, installations vidéographiques où la danse est au cœur du sujet en collaboration avec le vidéaste Vincent Bosc et les compositeurs Andrea Cera et Romain Kronenberg. 

 

Toutes ces créations, qui s’imaginent et se poétisent par des gestes, des rythmes, des sons, des images et des environnements, dessinent une hypothèse du vivre ensemble. Une conjonction d’objets offerts à une plasticité du partage où la place du public, sa présence et son regard, y est déterminante.

 

Son parcours artistique porte une culture du décloisonnement de la danse et de ses publics, parce qu’il englobe aussi bien son origine ancrée dans une tradition et une histoire, que son déploiement protéiforme, innovant et pluridisciplinaire.

 

« Faire et regarder la danse, ailleurs ou sous un autre angle », lui proposer une autre géographie, un autre paysage, qui lui permette de se réinventer autant dans sa pratique, que dans les modalités de sa médiation.

Factory Hervé Robbe
De humani corporis fabrica, Hervé Robbe
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